Sa filmographie sur Toc
• Assaut"Une définition classique du fantastique repose sur un concept : le doute face à l'étrange, c'est à dire "l'hésitation éprouvée par un être ne connaissant que les lois naturelles face à un événement en apparence surnaturel" T. Torodov, Introduction à la littérature fantastique.
• Body bags
• Christine
• Dark Star
• Fog
• Ghosts of Mars
• Halloween
• Invasion Los Angeles
• L'Antre de la Folie
• Le village des damnés
• Les aventures d'un homme invisible
• Les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin
• Los Angeles 2013
• New York 1997
• Prince des Ténèbres
• Starman
• The thing
• Vampires
Carpenter comme Lovecraft dérogent souvent à cette règle, le surnaturel y apparaît comme une certitude, tout au moins pour nous spectateur ou lecteur.
Cela n'est pas un hasard quand on sait que le maître de Providence est l'écrivain fétiche du cinéaste. D'ailleurs tout deux ont un but commun : appréhender et faire ressentir l'Indicible.
Mais qu'est-ce que l'Indicible ? C'est ce que les mots ne peuvent exprimer. C'est ce que la raison ne peut expliquer autrement que par la folie. Un je-ne-sais-quoi qui introduit sournoisement l'impossible puis l'horrible dans la plate réalité quotidienne.
"En fait, je fus saisi d'une immense panique car il y avait dans l'air et sur le sol jonché de pourriture, un je-ne-sais quoi de sinistre qui me glaça d'effroi" HP Lovecraft, Dagon.Les personnages de Carpenter comme ceux de Lovecraft confronté à l'Indicible découvrent une petite part de cette réalité impossible. Par voie de conséquence, ils mesurent alors pleinement la misère de leur condition humaine. Cette impuissance de l'homme face à des dangers qui le dépassent devient l'origine unique d'une peur cosmique et d'une angoisse paranoïaque.
Une bonne illustration de l'Indicible chez Carpenter est la créature de The Thing, horreur abjecte, grouillante, écoeurante mais aussi multiple et polymorphe, inabordable dans sa totalité, à mi-chemin entre l'humain et le monstrueux.
Prince des Ténèbres est également intéressant comme illustration de l'Indicible, vu dans ce film comme un mal cosmique qui menace l'humanité.
Or, ce mal qui ronge l'être, cette angoisse, synonyme de folie, ne peut pas être partagée. Le personnage se retrouve seul en proie à d'affreux tourments, le monde entier ainsi que lui-même doutant de sa santé mentale.
C'est l'Innommable.
L'Antre de la Folie est un excellent exemple de l'Innommable chez Carpenter. John Trent, le personnage principal est en permanence confronté au doute et à la folie. Ses propres doutes et la folie d'autrui d'abord, puis les doutes des autres et sa propre folie ensuite. Mais Trent, enfermé dans un hôpital psychiatrique dès le début du film, est-il réellement fou ?
Chez le cinéaste comme l'écrivain, Innommable et Indicible sont donc les deux facettes de la peur.
Si le génie de Lovecraft fut dans son habileté à trouver des mots pour suggérer ce qui ne peut être dit, toute la difficulté pour Carpenter est là, réussir à montrer ce qui par essence ne peut être montré au travers d'un art basé principalement sur le visuel.
Et bien sûr tout cela sans sombrer dans le ridicule.
D'un film à l'autre, Carpenter hésite, tantôt cachant l'horrible, tantôt le dévoilant mais sans jamais le montrer dans sa totalité comme pour mieux nous faire comprendre que l'Indicible peut revêtir de bien nombreux masques.
Mais en fait, ce sera bien souvent par les conséquences de ses manifestations que l'Indicible sera appréhendé.